En 1953, le docteur Ozamu Tézuka créa un personnage fictif de manga, La princesse Saphir. Au Royaume d'Argent, seul un garçon peut monter sur le trône et régner. Or étant une fille, il lui est donc impossible de succéder à son père. Ce dernier décide alors de la faire passer pour un homme, avec une formation militaire, ce qui lui plaît beaucoup, car elle se révèle être une sportive accomplie dans la manipulation des armes. D'un caractère doux et sensible, elle se montre également aussi généreuse et modeste que courageuse et téméraire. Son demi-frère le Grand-Duc Duraldine avec son acolyte le Baron Macédoine, s'évertuent à percer son secret pour la désavouer, et la faire condamner.
Comme pour une série de télévision (Les Mystères de l'Ouest, Cosmos 1999, Chapeau Melon et Bottes de Cuir,...), on pourrait faire également le même genre d'étude sur ce célèbre et vieux manga. Outre de belles couleurs, cette oeuvre dégage une certaine profondeur par épisode, l'auteur nous fait réfléchir sur les grands problèmes, et l'histoire de notre monde contemporain. Quant à l’héroïne principale, elle possède autant de charisme que tous ces héros de séries télévisées: elle est pratiquement imbattable à l'épée, comme le colonel March, elle se bat aussi bien à poings nus que James West, elle monte à cheval comme Thierry la Fronde...De plus, elle est tellement bien dessinée qu'elle semble bien réelle.
Donc, on peut commencer par voir ce que dit le dictionnaire sur le mot "manga", et ensuite de le définir par rapport à notre société. Est-il vraiment d'origine japonaise? L'auteur, comment est-il passé de la médecine au manga? Par qui et par quoi a-t-il été influencé? Comment lui est venue l'idée de cette princesse déguisée en prince ?
Maintenant tout ce qui tourne autour de la princesse; 1953 : nous sommes en pleine guerre froide, les deux blocs s'affrontent par pays interposés, les grands dossiers du siècle, l'affaire Rosenberg, la mort de Staline,...En 1967, quand Tézuka réalisera la série télévisée, la guerre du Vietnam aura déjà pris le relais: l'oncle Sam contre l'oncle Ho.
Enfin, tout au long de son oeuvre, l'auteur fait des clins d'oeil à des réalisateurs de cinéma: Chaplin qu'il adorait, la princesse danse comme Claire Bloomer avec Deux petits chaussons de satin blanc; allusion à Limelight en 1952; la princesse porte des vêtements comme Blanche-Neige, elles ont toutes deux le même teint, et de grands yeux, mais Saphir porte des bas-de-chausses blanches qui mettent en valeur ses belles jambes; la couronne qu'elle arbore ressemble étrangement à celle des monarques de France, la princesse est toujours habillée avec une veste bleue, et une cape rouge. Tézuka disait toujours de Disney:"C'est mon maître!" Pourquoi? La guillotine est aussi évoquée...