Dragon Head est une série en 10 volumes de Minetaro Mochizuki
Le manga a commencé de paraître en France en 1998 sous la jaquette Manga Player mais, dès le volume 6, il a adopté un habillage Pika Edition (l'intégralité de la série est désormais disponible sous cet habillage). Lors du débat "Manga, une nouvelle vague ?" (5 juin 2002) Pierre Vals, représentant des éditions Pika, a expliqué que ce titre n'avait pas marché car "à l'époque où il est sorti, il n'était pas adapté au public français, sa publication [ayant] été trop précoce". Il est vrai que Dragon Head est un manga un peu atypique et assez méconnu, pourtant il recèle de nombreux aspects dignes d'intérêt.
Synopsis :
le train qui ramène Téru est ses camarades de classe d'une sortie scolaire déraille dans un tunnel, seuls trois étudiants, Téru, Ako et Nobuo survivent. Après une cohabitation difficile avec Nobuo, gagné par la folie, Téru et Ako parviennent à sortir du tunnel et s'aperçoivent que leur accident est dû à une catastrophe généralisée, dont l'origine est mystérieuse.
Un des thèmes centraux de l'histoire est l'effet sur les individus de la disparition des structures sociales, il est exploité dés le huis clos qui inaugure le manga. Nobuo, Téru et Ako sont les seuls survivants de la catastrophe ferroviaire. Tous leurs camarades de classes et leurs professeurs sont morts. Emprisonnés dans les ténèbres d'un tunnel, environnés par des cadavres alors qu'ils attendent d'hypothétiques secours, leur situation est des plus angoissantes. Nobuo se révèle être le plus fragile des trois, il se laisse dominer par sa peur et ses fantasmes. Privé de ses références et du cadre habituel de son existence, il renonce à la vie "normale" et se donne tout entier à la folie.
A travers les aventures de ses protagonistes, ce manga montre comment réagissent les individus face au désarroi et à la panique engendrés par l'écroulement de la société, quels effets peut avoir la "fin du monde" sur des gens "normaux".
Dragon Head ne peut pas être facilement classé dans une catégorie shôjô ou shônen. Dés le début, un détail montre que l'histoire ne s'inscrit pas dans un cadre normé, Ako et ses "choses de jeunes filles" donnent immédiatement un coté anti-glamour au personnage féminin tout en rajoutant au désarroi du personnage. Puis, très vite, Ako abandonne son uniforme de lycéenne : les ko-gal ne font pas partis de l'univers de Dragon Head ! Dans son développement non plus l'histoire ne suit pas une formule. Ainsi, le groupe en route vers Tokyo est séparé et le lecteur ne suit que l'itinéraire de Téru, par conséquent, certains évènements importants ne sont même pas montrés mais devinés (la découverte par Téru de la tombe d'Iwada) ou racontés de façon littéraire et non graphique (le mot d'Ako à Téru). Le périple des héros pour rallier la capitale japonaise n'est pas vraiment épique, les personnages ne passent pas d'une péripétie à l'autre, en "progressant" à chaque étape franchie : le cheminement est chaotique et pas nécessairement récompensé. Dans son déroulement comme dans sa conclusion Dragon Head s'attache plus aux transformations intérieures des personnages qu'à la construction d'une histoire calibrée.
Ils entament alors un difficile périple à travers un Japon dévasté pour regagner Tokyo. En chemin, ils croisent, entre autres, un groupe d'enfants errants, des membres d'une escouade héliportée de l'armée commandée par le capitaine Nimura et des êtres étranges, au crane recouvert de cicatrices. Dans un pays qui a sombré dans le chaos, la folie guette, omniprésente.
Voici donc un manga à ne pas mettre entre toutes les mains, mais rares sont les oeuvres qui exploitent à ce point notre psychologie, nos phobies, et nos peurs les plus profondes ...
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