ukiyo-e, mouvement artistique japonais fondé au début du XVIIe siècle, dont la principale forme d'expression fut la gravure sur bois.
Le terme ukiyo-e, qui signifie « image du monde flottant », désignait à l'origine la nature fluctuante, impersonnelle et provisoire de l'existence terrestre. Ce style connut son âge d'or durant la prospère époque Edo (1603-1868), lorsque des éditeurs adaptèrent les techniques de l'estampe pour produire en série des images bon marché destinées aux négociants et aux commerçants. Des artistes réalisaient les dessins, qui étaient ensuite gravés sur des blocs de bois de cerisier et imprimés par des artisans expérimentés. Si certains peintres firent donc partie de l'école de l'ukiyo-e, son nom renvoie plus généralement aux estampes réalisées durant cette période. L'ukiyo-e était employé à de multiples usages, pour des illustrations de mode, des calendriers, des cartes de vœux, des livres illustrés, des guides de voyage ou de loisirs, ainsi que pour la publicité des théâtres kabuki, des maisons closes, des salons de thé et des restaurants fréquentés par les chonin (citadins) d'Edo.
Si l'art de la xylographie était une technique depuis longtemps utilisée par les artistes japonais, cette activité se concentrait alors dans les monastères, et il fallut attendre le milieu du XVIIe siècle pour qu'apparaissent les premières estampes profanes. Cependant, les innovations apportées par le peintre et illustrateur Hishikawa Moronobu, qui conçut les premières estampes colorées, donna à l'ukiyo-e son véritable essor. Moronobu adapta les techniques de la peinture traditionnelle à la gravure sur bois, et produisit en série livres illustrés, dépliants et paysages. Son style prévalut jusqu'aux premières décennies du XVIIIe siècle.
Le passage de l'impression monochrome à l'impression polychrome, aux environs de 1760, ouvrit de nouvelles perspectives. La nouvelle technique, mise au point par Suzuki Harunobu, faisait appel à des encoches et à des cales pour maintenir le papier en place et empêcher les impressions successives de couleurs de se décaler. Ses nishiki-e (images de brocart) inauguraient l'âge d'or du ukiyo-e et marquaient le triomphe de l'estampe en feuillet détaché.
Les successeurs d'Harunobu explorèrent de nouvelles techniques picturales faisant appel à des fonds de mica brillant et des papiers à grain spécial ; leurs dessins, qui tenaient parfois sur deux ou trois feuilles, connurent un grand succès. Après le classicisme des paysages et des portraits de femmes de Torii Kiyonaga, dans les années 1780, l'œuvre de Kitagawa Utamaro, puis celle de Tōshūsai Shakaru se distinguèrent par leur dimension psychologique.
Au début du XIXe siècle, l'art de l'estampe commença à décliner, les graphismes devenant plus grossiers et les compositions moins élaborées, en partie parce que les tirages s'étaient accrus et que le public, en s'élargissant, était devenu moins difficile. À Osaka, grande rivale d'Edo à l'époque, les artistes surent mieux préserver la qualité de leurs estampes.
Il fallut attendre les années 1820 pour que l'art de l'ukiyo-e connaisse un second souffle, s'orientant davantage vers le paysage et offrant à de grands maîtres comme Katsushika Hokusai ou Utagawa Hiroshige l'occasion de réaliser des œuvres de très grande valeur. Évoquant désormais des sites reconnaissables, comme les Trente-Six Vues du mont Fuji (Fugaku sanjurokkei, 1823) d'Hokusai, ils obtinrent un immense succès populaire.
Active jusqu'à la fin du XIXe siècle, l'école de l'ukiyo-e s'était pratiquement éteinte au moment où débutait l'ère Meiji.
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